Les personnages masculins dans « Madame Bovary »
24 stycznia 2011 o 11:15 w irom

En dépit du titre, le début et la fin de Madame Bovary portent sur le mari, Charles Bovary. Bien que sa femme, Emma, née Roualt, soit le caractère principal, c’est Charles que le lecteur connaît premièrement et suit ses pas jusqu’à la dernière page du roman. On s’en souvient à chaque fois qu’on évoque la personne même de Madame Bovary – en fait, il lui a donné son nom de famille. Puisque il l'avait dominée de cette façon, on garde dans notre conscience qu’Emma est mariée et que son époux est, quelque part, trahi par sa femme. Il est évident que ce système de marquer l’appartenance d’une femme à son mari ne marche plus : il n’a pas retenu Emma de l’adultère. C’est ce changement qui est un des sujets de Madame Bovary : l’affaiblissement du pouvoir masculin sur les femmes.

Gustave Flaubert, en écrivant son œuvre, n’a pas oublié d’y insérer une multitude de personnages masculins. Ces hommes, étant liés à Emma Bovary de différentes façons, influencent sa vie, mais aussi restent influencés par sa beauté sublime et le désir romantique d’aimer et d’être aimée. L’auteur, un homme lui-même, a fait un grand travail de présenter tant de caractères d’une manière si complète et vraisemblable. Il leur a rendu justice en les décrivant objectivement, sans préjugés, mais aussi sans purifier leurs motifs.

Le plus important de tous les personnages masculins du roman, le « mari de Madame Bovary », Charles, est présenté comme un homme honnête qui travaille durement pour gagner sa vie, mais qui n’a pas d’ambitions. Une qualité jugée négative par Emma, s’avère une vertu vu la stabilité de ses émotions 1 . Ne sachant pas danser et n’étant pas intéressé aux grands bals il devenait actif seulement au cas de danger 2 . Emma est très vite devenue ennuyée par cette attitude : elle voulait rompre avec la monotonie de la vie quotidienne et elle cherchait un amant dont elle pourrait être fière.

Un autre personnage, Rodolphe Boulanger, est d’un type complètement différent. Il est assez riche et il utilise sa position pour être un coureur de jupons. Il choisit Madame Bovary pour sa victime suivante et il fait tout pour atteindre son but. Rodolphe la séduit assez vite et profite d’un tel engagement. Même s’il devient très tôt ennuyé par la soumission totale d’Emma, longtemps il n’en fait rien – il ment à Emma qu’il l’aime.

Puis, Emma a une affaire avec Léon Dupuis, un étudiant en droit qui, après être revenu de Paris, habite à Rouen. Une relation d’abord platonique, à la suite d’une séparation de trois ans devient un adultère. Le jeune clerc, quoiqu'intelligent et bien élevé, est dominé par la femme plus âgée 3 . Son caractère humble et passif le rendent soumis aux sentiments de sa maîtraisse.

Une chose normale au XIXe siècle qui peut choquer un lecteur moderne : souvent le sexe féminin dans l’œuvre n’est référé qu’avec deux mots – le sexe 4 . Ce qui reste dans le sous-entendu c’est l’opposition entre le sexe fort et le sexe beau ou le sexe tout simplement. Un tel point de vue semble être discriminant, mais en réalité il crée un système entier d’attentes entre les femmes. Emma Bovary a aussi dans la tête l’image d’un mâle qui ne ressemble point à son mari Charles. C’est sa vision des hommes qui la pousse au monde de l'adultère, du mensonge et du crédit :

Un homme, au contraire, ne devait-il pas, tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait. 5


Bien que les caractères masculins soient de diverses natures, ils sont tous unis par une sorte d’incompétence, d’incapacité d’agir ou de prendre une décision dans une situation difficile. Ce qui est assez évident au cas de Charles vu son caractère passif se montre plus sublime avec Léon et Rodolphe : à un certain moment les deux voulaient rompre leur affaire avec Emma, mais aucun n’a eu le courage de le faire dans une conversation tête-à-tête. Ils ont prolongé les engagements comme des opportunistes, profitant des rencontres avec une belle femme. Rodolphe s’est finalement décidé à lui envoyer une lettre après avoir fui sans dire un mot. Mais même juste avant d’écrire la lettre de séparation il avait des doutes :

– Quel imbécile je suis ! fit-il en jurant épouvantablement. N'importe, c'était une jolie maîtresse !
Et, aussitôt, la beauté d'Emma, avec tous les plaisirs de cet amour, lui réapparurent. D'abord il s'attendrit, puis il se révolta contre elle.
– Car enfin, exclamait-il en gesticulant, je ne peux pas m'expatrier, avoir la charge d'une enfant.
Il se disait ces choses pour s'affermir davantage. 6


Léon, par contre, ne s’est jamais décidé à être honnête, à informer Emma de l’affaiblissement de ses émotions ni à confronter leurs pensées. Il a préféré tout simplement disparaître dans un moment où son aide pouvait sauver la vie d’Emma. Les personnages masculins dans Madame Bovary ce sont des hommes à qui il est beaucoup plus facile de dire « je t’aime » que « je ne t’aime plus ». Ils rompent donc avec le stéréotype d’un mâle fort et insensible : ils deviennent plus féminins.

Pour que l’image des personnages masculins dans Madame Bovary soit complète il faut aussi mentionner quelques héros du second plan : Monsieur Homais et Monsieur Lheureux. Le premier, un pharmacien ambitieux et sans scrupules prétendant une amitié pour gagner du profit, l’autre, un usurier qui, en faisant des calculs froids, n’hésite pas de détruire la vie d’autrui. En fait, seulement eux ont de la chance et arrivent à leur but vers la fin du roman. Leurs méthodes se sont avérées efficaces.

Ayant analysé Madame Bovary, on peut constater que les hommes ont soit « une lâcheté naturelle qui caractérise le sexe fort » 7 soit une passivité jugée féminine. Il est donc facile de constater que le sexe fort est capable de détruire des vies dans des domaines professionnels ou financiers. Pourtant, dans des relations avec le sexe tout simplement il n’est que le sexe opportun, ou bien, faible.

  • 1. L'exception faite à la période où il commence son affaire avec Emma avant qu’elle est devenue son épouse – mais à vrai dire il ne ressentait presque rien pour sa première femme qu’après sa mort.
  • 2. Tout calme et confiant qu’il soit, il n’a pas hésité d’aller à Rouen pour voir si rien de grave n’était arrivé à sa femme, prêt à aider Emma quoiqu’il advienne.
  • 3. G. Flaubert, Madame Bovary, Paris, Édition Garnier Frères, 1960, p. 258.
  • 4. p.ex. Ibid., p. 194, Ibid., p. 200.
  • 5. Ibid., p. 39.
  • 6. Ibid., p. 187.
  • 7. Ibid., p. 288.
  • Wojciech Mosiejczuk @mosiejczuk
    filmowiec i romanista zainteresowany wszelkimi formami narracji, od książek po media wizualne
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